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On exige encore : l’histoire des droits et de l’activisme 2SLGBTQ+* à Ottawa – 3e partie

Lundi 30 août 2021

Dans le cadre des célébrations de la Fierté dans la capitale 2021, la BPO accueille le blogueur Glenn Crawford. Voici la troisème partie de sa série de billets de blogue « On exige encore : l’histoire des droits et de l’activisme 2SLGBTQ+* à Ottawa ».

Le mouvement aujourd’hui

À l’heure où on célèbre le 50e anniversaire de la manifestation We Demand et le 10e anniversaire de la désignation officielle du Village sur la rue Bank, entre les rues Nepean et James, où en est la communauté queer d’Ottawa? Après de nombreuses victoires en matière de droits humains, comme l’égalité du droit au mariage, les lois anti discrimination et une meilleure acceptation sociale des personnes 2SLGBTQ+, on pourrait être tenté de croire que la plupart des difficultés sont désormais derrière nous.

Enseignes du Village érigées, rues Bank et Nepean, novembre 2011. Le maire Jim Watson, Diane Holmes, Glenn Crawford. Photo : Ben Welland

Mais ce serait faire fi des problèmes particuliers auxquels les personnes queers, noires, autochtones et de couleur qui continuent de faire face au sein de leurs propres communautés ethniques, de la communauté queer dans son ensemble et de la société en général, et de la montée inquiétante des croyances d’extrême droite.

Ces difficultés ont été révélées au grand jour par les controverses entourant le mouvement Black Lives Matter (BLM) au sein du mouvement de la Fierté. En effet, le mouvement a exhorté l’organisation à interdire la présence de policiers armés et en uniforme dans le défilé. De nombreux membres de la communauté n’ayant jamais senti de racisme de la part de la police n’appuyaient pas le militantisme du mouvement BLM au départ, et les réactions étaient mitigées. Néanmoins, certains événements récents, comme le meurtre d’Abdirahman Abdi en 2016 à Ottawa et celui de George Floyd en 2020 à Minneapolis, ont sensibilisé les gens à ce problème au sein de la communauté 2SLGBTQ+ toute entière.

En outre, à l’heure où notre communauté s’intègre de plus en plus à la société dominante, et à mesure que la culture queer se déplace en ligne, sur des plateformes et dans des espaces virtuels, de nombreux commerces, bars et organismes voués à la communauté 2SLGBTQ+ ont fermé leurs portes ou peinent à survivre.

Murale rendant hommage aux femmes trans de couleur assassinées, de l’artiste Kalkidan Assefa. Photo : Glenn Crawford

Il y a tout de même ces nouveaux organismes de plus petite envergure comme SAEFTY qui accomplissent un travail remarquable, en aidant les jeunes trans d’Ottawa par exemple. Le Centre Wabano pour la santé des Autochtones offre du soutien et de l’information à ses membres bispirituels. Plusieurs organisations, comme le Refuge Arc-en-ciel de la Capitale, amassent des fonds et portent assistance aux personnes souhaitant fuir les pays qui continuent de persécuter, d’emprisonner ou d’exécuter les personnes 2SLGBTQ+. Le Réseau Fierté des aîné(e)s d’Ottawa est devenu une organisation dynamique et active, qui compte dans ses rangs de nombreux membres ayant participé à la fondation des premiers organismes 2SLGBTQ+ comme GO et les Services du triangle rose – maintenant connu sous le nom de Kind Space – dans les années 1970 et 1980.

À mesure que les intersectionnalités et les identités queers émergentes font leur chemin vers la reconnaissance sociale, comme c’est le cas avec les identités non binaires, de nouvelles causes et initiatives et de nouveaux groupes de défense apparaîtront. Verra-t-on une volonté de créer de nouveaux lieux de rassemblement, ou alors notre communauté s’est-elle majoritairement affranchie de cette nécessité? La communauté est-elle, dans une certaine mesure, victime de son propre succès? Les foules immenses observées durant la Fierté suggèrent qu’il y a encore un intérêt pour les grands rassemblements. Les 50 prochaines années seront façonnées par la volonté des jeunes queers de tous les horizons de militer pour des causes et de créer de nouveaux espaces sûrs pour se réunir.

Liens

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* Le sigle 2SLGBTQ+ désigne les personnes bispirituelles, lesbiennes, gaies, bisexuelles, transgenres, queer et autres, de même que les alliés. C’est l’un des nombreux sigles acceptés pour définir la « communauté » queer, bien que soient couramment utilisés plusieurs autres sigles contenant plus ou moins de lettres, parfois dans un ordre différent. Bien que la communauté s’efforce généralement d’utiliser un terme inclusif, d’autres groupes de notre communauté, comme les personnes non binaires, intersexuelles et asexuées, par exemple, ne sont pas toujours incluses, puisque le sigle devient de plus en plus long et complexe et à mesure qu’il grossit. Même si nous l’utilisons dans ce blogue, nous sommes conscients qu’aucun sigle n’est complètement inclusif, tout comme le terme générique queer (qui n’est lui-même pas adopté par l’ensemble de la communauté), que nous utilisons pour définir notre communauté.

Biographie

Ayant vécu à Ottawa pendant plus de 40 ans et nouvellement résident de Gatineau, Glenn Crawford est fier d’habiter dans la région de la capitale nationale. Il s’implique activement dans la communauté queer depuis plus de 15 ans. Il a présidé le Comité du Village de 2006 à 2012, années durant lesquelles ont notamment été installés sur la rue Bank des panneaux désignant officiellement le village queer d’Ottawa. Glenn a été élu grand maréchal de la Fierté dans la capitale en 2010 et a reçu le Hero Award en tant qu’activiste communautaire de l’année en 2007. Depuis 2016, il fait de la recherche et du développement pour le Projet de legs du village de la ZAC de la rue Bank, en mettant au point un site Web [www.villagelegacy.ca] et une application mobile sur l’histoire du mouvement 2SLGBTQ+ à Ottawa. Concepteur Web et graphique à son compte depuis plus de 18 ans, Glenn a également créé des œuvres d’art public pour le projet, dont les 40 bannières rendant hommage à des leaders communautaires qui ont été dévoilées en 2018.