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Passez dehors

Si vous demandez à Amber Westfall de The Wild Garden quelle relation elle entretient avec les plantes sauvages qu’elle cueille à des fins alimentaires et médicales, elle se décrira comme une gardienne de l’environnement récoltant d’une manière non seulement éthique mais également bénéfique à long terme.

The Wild Garden est une petite entreprise lancée par Amber il y a quatre ans, née d’une passion pour les plantes sauvages comestibles et médicinales. Cet intérêt lui est venu lorsqu’elle a commencé à enrichir son régime avec des plantes sauvages, afin d’agrandir sa consommation de produits locaux, disponibles uniquement lors de la courte saison de végétation. Pissenlits, orties, plantains, chénopodes blancs et amarantes sont quelques-unes des premières plantes à apparaître au début du printemps et les dernières à mourir avant le gel.

Amber a passé plus de dix ans à étudier les plantes comestibles et médicinales avant d’en faire son gagne-pain. Aujourd’hui, The Wild Garden propose des programmes éducatifs destinés aux enfants et aux adultes. Elle offre des ateliers et des balades dans la nature pour initier les participants aux mauvaises herbes les plus communes que l’on trouve partout et qui peuvent servir à s’alimenter ou à soigner. Sur un terrain certifié biologique d’un demi-acre situé sur la ferme d’Alimentation juste à Blackburn Hamlet, Amber cultive et rassemble des plantes pour créer des produits utiles qui sont vendus dans des boîtes mensuelles.

Selon la période de l’année, elle fait son choix de cueillette parmi des dizaines de plantes, comme le trèfle violet, les marguerites, les fleurs de sureau ou les feuilles de framboisier. Une fois regroupées, ces plantes doivent être traitées ou séchées. Par la suite, elles sont transformées en produits finis, tels que des lotions, des sels de bain ou des thés, pour n’en nommer que quelques-uns.

Pour ceux que la cueillette intéresse, Amber enseigne des techniques sûres d’identification et de récolte. Nombreux sont ceux qui s’étonnent d’apprendre qu’il est illégal de pratiquer la cueillette sur les terres de la CCN ou de faire quelque prélèvement que ce soit dans les parcs municipaux qui entourent Ottawa. Notre ville a également une histoire industrielle, les cueilleurs pourraient donc sans le savoir se retrouver sur des sols contaminés. Le meilleur moyen d’éviter ces dangers est de connaître son environnement. « Il est essentiel de se balader à l’extérieur, là où il pourrait être intéressant de cueillir des aliments, et d’y passer très souvent », affirme Amber, « L’observation et la connaissance du terrain sont vraiment importantes, et il faut discuter avec les gens âgés qui habitent le quartier. »  C’est ainsi qu’Amber a découvert qu’un site de cueillette potentiel avait déjà servi à l’exploitation d’un poste d’essence. Elle souligne qu’en cas de doute il vaut mieux se limiter aux arbres fruitiers, dont les barrières biologiques protègent les fruits des toxines et qui représentent un choix plus sûr que la plupart des autres plantes.

Grâce à l’interdiction des pesticides en vigueur à Ottawa depuis 2009, il est beaucoup moins dangereux de faire la cueillette sur des zones contaminées qu’auparavant. Toutefois, les plantes nuisibles comme l’herbe à puce et le panais sauvage sont toujours arrosées régulièrement de pesticides susceptibles de couvrir la végétation environnante. « Les plantes sont résistantes et tenaces », ajoute-t-elle. « Le pourpier, la renouée du Japon et le pissenlit arrivent à pousser dans les fissures des trottoirs et à casser le béton. » Ces plantes poussent dans les milieux urbains les plus hostiles. Elles sont considérées comme extrêmement envahissantes et beaucoup d’entre nous ne savent pas que les jeunes pousses tendres de la renouée du Japon sont comestibles. Les chefs cuisiniers découvrent qu’il vaut mieux s’en accommoder que les combattre et cela donne lieu à des résultats savoureux. Des restaurants d’avant-garde s’enorgueillissent de proposer des plantes fourragères apprêtées en mets délicats.

Lors de ses balades dans la nature et de ses ateliers, Amber sensibilise les participants à l’éthique entourant les plantes sauvages. Elle préconise la consommation de mauvaises herbes non indigènes qui poussent en abondance, comme le pissenlit et l’alliaire officinale, plutôt que celles susceptibles d’être menacées ou en péril. La cueillette non durable de plantes, même en petite quantité, peut avoir des conséquences à long terme importantes pour des plantes qui mettent des années à pousser et à produire des graines. À titre d’exemple, la surexploitation est une préoccupation très concrète pour l’ail des bois indigènes et Amber préconise de demander d’où il provient et s’il a été cueilli de manière durable avant d’en acheter.

La cueillette est devenue à la mode et certaines personnes profitent de ce regain d’intérêt pour les aliments sauvages de nos régions. D’autres cherchent tout simplement à reprendre contact avec la nature ou à ajouter de la diversité et de la qualité à leur régime alimentaire. Les plantes sauvages contiennent souvent plus de nutriments, d’antioxydants et de minéraux que les aliments cultivés. Le sentiment grandissant de désillusion à l’égard de l’agriculture industrielle soulève d’importantes questions entourant la véritable provenance de nos aliments – devenir partie intégrante de notre propre chaîne alimentaire plutôt qu’être le simple consommateur final est une façon efficace de reprendre confiance dans notre capacité à satisfaire nous-mêmes nos besoins les plus fondamentaux.

Ce qu’Amber considère comme le plus grand bénéfice de ses ateliers est le sentiment d’autonomie que les gens acquièrent en apprenant à identifier et à cueillir leurs propres aliments et médicaments, et en devenant des participants actifs dans les espaces naturels qui les entourent.

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